vendredi 6 janvier 2012

Poussée salafiste contre l'université tunisienne



Depuis plus d'un mois, une université tunisienne est fermée à cause de manifestants salafistes voulant la réintégration de deux étudiantes expulsées, comme le veut la loi, parce qu'elles refusaient d'ôter leur voile intégral. Le conflit a pris un nouveau tournant avec l'intervention des forces de l'ordre... contre les universitaires.
TUNISIE: LES SALAFISTES BLOQUENT L'UNIVERSITE
La Faculté de Lettres de la Manouba, à l'ouest de Tunis, est fermée depuis plus d'un mois. Le 28 novembre dernier, en effet, les salafistes ont organisé un sit-in qui perdure depuis dans les locaux de la direction de la faculté, afin d'exiger l'ouverture des universités aux femmes vêtues du niqab ou voile intégral, ce que la loi tunisienne interdit pour le moment. La plupart des manifestants sont extérieurs à l'université, selon le doyen Habib Kazdaghli. Le 6 décembre dernier, la décision a été prise de fermer la faculté pour raisons de sécurité - depuis elle est toujours bloquée. Hier, 200 universitaires ont organisé un contre-sit-in devant le ministère de l'enseignement supérieur, appelant à la démission du ministre, membre du mouvement islamiste Ennahdha jugé incapable de prendre les décisions qui s'imposent. Participant à la contre-manifestation, le doyen a réaffirmé sa volonté de respecter la loi: "Il faut que les personnes étrangères à la faculté quittent les lieux. Elles représentent la majorité des sit-inneurs. La loi est claire: avant et après les cours, les étudiants peuvent s'habiller comme ils veulent. Mais il faut que le visage de l'étudiante ne soit pas couvert pendant les cours et pendant les examens".
> De son côté, le ministre de l'enseignement supérieur Moncef Ben Salem a réagi à la contre-manifestation: "Dans la faculté de la Manouba, il y a seulement deux filles qui portent le niqab. On compte seulement soixante cas de niqab dans toutes les facultés. Pourquoi donc cette polémique ?! Il faut résoudre doucement ce problème. Les medias ont transformé une petite affaire à un grand problème, connu à l’échelle internationale ! Il ne faut pas amplifier le problème. J'accuse franchement les médias d'avoir été les premiers à amplifier cette affaire". Selon certaines sources, la police est intervenue de manière musclée contre les universitaires, sans déranger les salafistes.
> Qui sont les salafistes tunisiens et quels sont leurs liens avec le parti vainqueur des dernières élections tunisiennes, le mouvement Ennahdha? Une interview donnée par leur leader au journal Haqaéq apporte quelques lumières. On y apprend que selon lui, Ennahdha est noyauté par les Américains, et que le mouvement salafiste, lui, "contrairement aux autres pays, n'a pas fait l'objet de révisions et est donc resté intact".

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